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Nouvelles et essais, par Julius Nicoladec

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L’atelier Enache, Chevannes-Changy, Nièvre

D’Oveselu à Chevannes-Changy

Viorel Enache est, depuis 1990, sculpteur parisien, puis nivernais. Né en Roumanie, il y intègre, fort jeune, l’école des beaux arts de Craiova. Il étudie et travaille ensuite dans des ateliers, mais aussi dans des carrières et sur chantiers, notamment à Bucarest. Pierre, marbre, granit sont ses premiers matériaux. Il s’installe ensuite à Paris, où il ouvre un atelier. Il devient sculpteur-restaurateur de bâtiments anciens pour le compte des Monuments historiques. Avec son épouse et précieuse collaboratrice Maria, tout en conservant son atelier parisien, il s’installe dans la Nièvre dans une ancienne grange transformée en atelier de sculpture, dans la petite commune de Chevannes-Changy. Il y fonde notamment l’association Art et Patrimoine du Haut-Nivernais et participe à l’organisation de symposiums internationaux de sculpture, dont on retrouve les œuvres, souvent imposantes, dans les communes alentour. Il expose par ailleurs dans des galeries, musées et salons et participe à des symposiums de sculpture, en France, en Italie, en Finlande, aux Pays-Bas et au Mexique.

Des restaurateurs très demandés

Il est amené à participer à la restauration de hauts lieux de la culture parisienne. Ainsi le Palais du Louvre lui passe commande de sept statues pour sa « Galerie du bord de l’eau ». Les quatre allégories du spectacle qui trônent désormais sur la terrasse du Châtelet depuis sa restauration complète sont également des œuvres de Viorel, sur la base de reconstitutions réalisées par Maria, à partir de photos anciennes : la danse avec son tambourin, le drame avec sa dague à la main, la comédie avec son masque et la musique avec sa lyre. Ces statues, qui respectent avec modernité le style d’époque semblent désormais regarder les passants. Également à son actif, les colonnes de l’église de la Madeleine, la sculpture de la couronne d’épine de la Sainte Chapelle, la restauration de sculptures de la chapelle du musée de Cluny, la restauration de sculptures sur les façades du Conseil d’État (Palais royal), la réalisation du décor en bronze de la cheminée du Petit Salon au Conseil Constitutionnel. Ils travaillent également pour des chantiers privés, telle la monumentale restauration de l’ancien Hôtel Lutetia. Leur activité ne se limite pas à la capitale. Ils ont ainsi été chargés de restaurer trois monumentales sculptures du frontispice de la cathédrale de Reims, dont un Goliath de 5,40 m de haut. Feuilles de chêne gothiques sur la façade de l’hôtel de ville de Douai, restauration du portail de la cathédrale de Meaux, restauration des pots à feu de la cathédrale de Montauban, cathédrale d’Orléans, la porte Saint-Nicolas à Nancy, etc.

De la restauration à la création personnelle

De manière inéluctable, la restauration suscite son autre face, la création personnelle. Bénéficiant de la riche expérience que lui procure son activité de restaurateur, sans pour autant en être prisonnier, Viorel poursuit donc son activité propre de créateur. On a pu en admirer la richesse et la diversité récemment, en 2019, à Conflans-Sainte-Honorine, à travers une exposition où l’artiste a pu faire démonstration de l’étendue de sa créativité.

L’atelier

Magie de l’atelier, où l’on peut percevoir la création en œuvre. Ce lieu exceptionnel est en effet comme une métaphore de la création du monde, donnant à voir toutes les étapes de l’émergence des formes. La poussière, d’abord, qui n’est pas simple désagrément, mais manifestation de sa respiration naturelle. On y peut bien sûr contempler quelques œuvres finies, en attente de leur destin ultérieur, mais aussi, çà et là, les différentes étapes des formes en gestation, les ébauches d’idées en attente de leur achèvement. Et le démiurge des lieux lui-même, le regard riche de sa connaissance, la main, instrument expérimenté de l’imagination créatrice, menant la concrétion de l’idée en forme.

Une grande variété d’inspiration

Les œuvres de Viorel sont en effet de nature très variée, allant d’œuvres monumentales à des créations de dimensions plus modestes. Les matières, d’abord, sont sources d’inspirations diverses. Le marbre, la pierre calcaire, le granit, mais aussi le bois suscitent, selon leurs exigences propres, des œuvres originales. Le bitume même, combiné au marbre et au granit, devient matière enrichissante pour la création. La puissance créatrice se manifeste à travers des thèmes divers. Il y a notamment un goût, cependant non exclusif, pour la richesse des formes douces. Le corps, corps de l’homme, corps de l’animal. De nombreuses formes naturelles sont source d’inspiration : ailes, serpents, fruits. Les circonvolutions du cerveau, comme toutes formes circulaires, sont en quelque sorte inscription de la fragilité. Elles ne sont pas sans évoquer la nostalgie de la vie prénatale. L’antinomie des modes d’existence de la matière peut se recombiner en complémentarité, comme l’illustrent les greffes de matière minérale sur de la matière végétale. Puissance et douceur, classicisme et modernité, une œuvre qui mérite qu’on s’y attarde...

Pour en (sa)voir plus

Viorel Enache, par M. Enache, Iconofolio, 2014.
Site http://www.ateliers-enache.com/
https://www.facebook.com/ateliersenache/

Julius NICOLADEC

La revue Florilège

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Quelques textes un peu plus légers, et qui néanmoins valent le détour, à lire dans les recueils de nouvelles


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